Le clin d’œil du mois de septembre 2017
Encore un été abîmé par des actes terroristes et lâches, un été sur lequel nous avons tous « surfé » malgré tout, comme si de rien n’était, à espérer que le vent tournera bientôt et qu’il sera encore possible de garder le cap…
Il est vrai qu’au retour de ces moments privilégiés de vacances, de détente, où chacun cherche à larguer les amarres, à prendre le large, il est toujours difficile de se plonger dans la réalité du quotidien avec son lot de contraintes. Sans compter le flot des informations à ingurgiter puis digérer pour ne pas se sentir déboussolé, voire complètement largué devant les collègues, les amis, les enfants…
Avez-vous remarqué comme nous empruntons souvent au langage des marins pour exprimer nos impressions, nos sensations ? C’est là tout l’art de ces expressions qui apportent de la consistance à notre langage, de l’épaisseur, de la couleur, même.
Observons comment nous utilisons tous ces termes détachés du monde de la navigation, pour nous emparer de leurs codes implicites :
Abîmer c’est détruire avec l’idée d’engloutir, de couler (au sens propre comme au sens figuré), le cap est une pointe de terre s’avançant sur la mer, autrement dit : le point de repère, le vent est souvent employé pour évoquer une direction, surfer traduit l’idée de déplacement rapide (surfer ou naviguer sur internet), les amarres sont les cordages qui maintiennent un bateau à quai, le large, les eaux profondes, se plonger, le flot nous évoquent immédiatement une sensation particulière, déboussolé vient de « boussole », invention essentielle au navigateur ; le largue est, en navigation à voile, une bonne allure, qui indique que le vent arrive à la perpendiculaire de l’axe du voilier et l’éloigne de la côte.
En mettant le grappin* sur cette série lexicale, je ne risquais pas de rester en rade (bassin ouvert sur la mer où les bateaux peuvent stationner) ni de naviguer à vue, autrement dit sans repères, tant il existe d’exemples savoureux.
N’étant pas du genre à me noyer dans un verre d’eau ni à noyer mon chagrin dans l’alcool, malgré la triste connotation de toutes ces locutions, je ne sombrerai pas dans le désespoir.
Il suffit de reprendre pied car avoir le pied marin, c’est réussir à être à l’aise sur une surface en mouvement, comme un bateau ou, en ce moment, notre monde.
Croyez-moi, contre vents et marées, tenons bon, même si les temps sont « galères » et qu’il est facile de partir à la dérive…
Le tout est de bien s’ancrer pour ne pas perdre le nord sinon on est mal barré !