Je vous livre ici mon ressenti sur l’écriture toute récente d’un livre que j’ai terminé après neuf mois de gestation et de réflexion pour réussir à retranscrire le portrait d’un homme à travers l’évocation de ses proches.
Ce fut un travail de biographe un peu particulier à mener car la commande venait de sa femme, Martine, qui cherchait ainsi à conjurer « le mauvais sort » à savoir, une fâcheuse histoire de maladie neurologique dégénérescente (type Alzheimer) qui a obligé Michel a quitter le monde du travail en 2011.
Verdict : atteinte des fonctions du langage : dur pour un journaliste, qui plus est, commentateur de matchs de rugby, reporter sportif, chroniqueur radio, rédacteur en chef etc.
J’ai donc récolté des témoignages, rencontré des amis, écouté ce que Michel arrivait à me dire à force de persévérance et de patience pour réaliser un livre à vocation de portrait qui rassemble les éléments d’un parcours professionnel et personnel.
Ce fut un vrai travail d’investigation, de collecte et de recomposition du puzzle d’une vie qui m’était racontée par différentes sources et de multiples façons.
Ce fut un vrai plaisir de façonner toute cette matière pour en faire un récit-reportage qui respecte la personnalité de son « héros » et de contourner l’obstacle de la non parole du principal intéressé.
C’est un livre imprimé à compte d’auteur qui restera dans le cercle familial mais qui permettra de fixer des moments de vie, comme sur une pellicule photo car l’inquiétude dans ce genre de situation, est la perte définitive des souvenirs et l’oubli pour les proches, les petits-enfants en particulier, de qui était la personne… avant.
C’est pourquoi je me suis attachée à respecter l’esprit de Michel, son personnage, son charisme, son humour et sa générosité, en même temps que ses coups de gueule, son fort caractère… Garder l’esprit aussi de son entourage, sa manière de vivre, son côté « cash », sans détour.
Pas facile de rentrer dans l’intimité d’une famille, de ses enjeux et de remuer le passé pour en faire une histoire, avec ses joies, ses peines, ses déboires et ses victoires…
Notre travail de biographe se situe là, juste à la croisée de l’empathie et de la créativité : être inventif et respectueux de la personne. Permettre son expression sans se mettre en avant, tout en apportant notre regard extérieur, neutre et bienveillant et notre plume, lisse ou caustique. Une douce alchimie se crée au gré des entretiens, auréolée de pudeur et de confiance ; un chemin se dessine peu à peu, parsemé d’embuches et d’émotions car il n’est ni simple d’écrire ni simple de se dire…